La croisière s'amuse (suite)
Le Hasma Jaya 2 sera notre chez nous itinérant pour les 4 prochains jours, que nous partagerons avec 5 membres d’équipage et un couple de londoniens. Rafiot en bois d’une quinzaine de mètres, le Hasma Jaya 2 est équipé d’un moteur 2 temps qui nous emplira les oreilles en quasi permanence de ses pouf pouf.
Premier jour
Premier jour,
première étape, ça commence très fort. Nous accostons sur l’île de Rinca, dans
le parc de Komodo pour voir les fameux dragons. Rinca et Komodo sont les 2 seuls
îles où l’on peut voir ces varans, à l’exception d’une cinquantaine d’individus
sur l’île de Flores. Depuis le temps que je rêve de voir ces bestioles, je suis
comme un fou, et Céline aussi, malgré une retenue du fait de se trouver en
présence de gros lézards.
Notre ranger nous
est présenté, et nous n’avons même pas quitté le camp qu’un varan (ora en
indonésien) passe tout près de nous. Tout le monde dégaine et mitraille avec
les appareils photos, impressionnés que nous sommes devant l’ora.
Impressionnés, nous le sommes encore plus quand on voit derrière l’ora que nous
prenons en photo un autre ora, mâle adulte, molosse d’environ 2,5 mètres de
long, qui mérite bien le surnom de dragon.
Le trek commence
alors derrière un guide qui cavale, et nous suivons, tête baissée pour regarder
où nous mettons les pieds, trébuchant quand on lève la tête pour profiter du
paysage. Varans, buffles , macaques et panoramas fabuleux jalonnent notre trek.
Mis à part le camp minuscule où nous avons commencé notre marche, l’île est
entièrement sauvage et préservée.
Retour sur le
bateau, et les pouf pouf recommencent pour nous amener au large d’une plage
magnifique, vide, et où les coraux sont magnifiques. Masque, tuba, et c’est
parti pour l’après midi à ne rien faire. L’oisiveté devient un passe-temps qui
prend beaucoup de temps dans de tels endroits.
Le bateau reprend
sa route pour s’arrêter dans une crique où nous passerons la nuit, température
douce et ciel étoilé. Ca me rappelle les étoiles phosphorescentes que j’avais
au plafond de mon appartement à Paris, et ça me rappelle aussi combien in a de
la chance d’être ici, plutôt que là-bas.
Après le dîner,
Sam, notre guide, sort une bouteille d’Arak, alcool de palme local, et paye sa
tournée. Odeur de saké, farineux, fort ... ça passe très bien. En sirotant, il
nous expliqu que nous ferions mieux de changer le plan initial qui devait nous
amener sur l’île de Komodo car ça nous ferait traverser un endroit où la mer
est grosse en ce moment au pire moment de la journée. Donc, il faudrait
tailler la route pour y passer au moment le lus calme. Un détail d’importance,
hier, un bateau a coulé à cet endroit précis, le même bateau que le notre. Sans
même se concerter, tout le monde est d‘accord pour jouer la carte de la
sécurité.
Deuxième jour
Après une
baignade et une sieste pour occuper la matinée, suivi d’une bonne heure de
glande et d’une scéance de karaté sur la plage, la journée commence plutôt
bien. Ca change dès qu’on remonte sur le bateau pour s’attaquer au passage
délicat. La mer est muvaise, très mauvaise. Pendant longtemps, trop longtemps.
On s’accroche à ce qu’on peut, et on se fait balader par les vagues. On met les
sacs au sec dans la cale, et on monte se percher sur le toit de la cabine, où on essaye de dormir tant bien que mal. Pas facile. Plusieurs fois, on sent le
bateau giter un peu trop, et on continue à ce rythme pour jeter l’ancre à 5
heures du matin, secoués, fatigués mais contents d’être là.
Troisième jour
Le réveil est
difficile après une telle nuit, mais nous avons une compensation. Sur la plage
au large de laquelle nous avons dormi, une rivière vient se jeter dans la mer,
ce qu veut dire de l’eau douce. On va enfin pouvoir se désaler. Avec les heures
qu’on a passé dans l’eau ces derniers jours, on voit les grains de sel sur
notre peu, et nos cheveaux ressemblent à du crin. Se baigner et se laver dans
l’eau glacée de la rivière nus ferait presque oublier la journée et la nuit de
merde qu’on vient de passer.
Mais on s’en
rappelle bien assez tôt quand on reprend la mer, pour un autre long trajet avec
une mer toujours trop agitée à notre goût. A part faire la sieste et bouquiner,
on ne fait pas grand chose. On commence à se faire un peu chier sur ce petit
bateau qui tangue.
On se pose enfin, et la plage sur laquelle on se retrouve méritait bien quelques heures a se faire chahuter par les vagues. Une de ces plages comme on croyait n’en voir qu’à la télé, avec un sable qui ébloui et une eau turquoise. On n’a vraiment pas une vie facile ... Baignade donc, bien sûr, session karaté sur la plage, retour sur le bateau et bière pour l’apéro, avec le soleil qui se couche en toile de fond. Et là, c’est l’heure. Une nuée de chauve souris, les mêmes que nous avions vues dans la jungle de Bornéo, sort de la forêt et s’envolent toutes dans la même direction. Cependant, cette fois-ci elles sont bien plus nombreuses. D’abord une dizaine, puis quelques centaines pour finir par plusieurs milliers de ces chauve souris géantes qui passent au-dessus de nos têtes. Toutes dans la même direction, comme guidée par un courant puissant et invisible.
Ce soir, le ciel
est étrange. Il y a quelques nuages, mais un cercle parfait entour la lune, au
centre duquel se trouve la lune, et aucun nuage ne semble oser s’y aventurer.
D’après Sam, les Indonésiens disent qu’un ciel comme celui-ci indique que les
tortues sont en train de pondre leur œufs. Décidément, après les chauves
souris, ça fait beaucoup de bizarreries en une seule soirée.
Avant de dormir,
Sam nous confie la recette d’un plat local que nous adorons, le Soto Ayam.
Le calme de cette
soirée est vite rompu quand vers 3 heures du matin, le bateau reprend son
ronron et la mer reprend son cahot à jouer avec notre coquille de noix.
Vivement Lombok
Quatrième et
dernier jour
Lombok, que nous
atteignons à 6 heures du matin, bien plus tôt que prévu, au port de Labuan
Lombok. Au revoir à tout l’équipage, et nous on saute dans un bus pour
continuer notre route.
Notre visa commence à nous tracasser, et avec Bali qui arrive, on préfère zapper Lombok. Ce sera pour la prochaine fois, car il y aura une prochaine fois en Indonésie, c’est sûr. 2 heures pour traverser l’île d’est en ouest pour le port de Lembat, départ des ferries pour Bali ... un bateau de plus.4 heures de traversée et heures à attendre avant d’accoster, et nous voici sur l’île la plus populaire du pays, Bali, dans la ville de Padangbai.